Pourquoi utiliser de la cire pour les bougies ?

Created with Sketch.

(Merci à Léa T. pour cette question *keur sur toi*)

Qu’elle soit parfumée, chauffe-plat ou toute simple, on a tous au moins une bougie chez nous. Globalement.. Mais dans tous les cas, une bougie est toujours faite d’une mèche coincée dans de la cire ou dans ce que j’appelle « de la gelée à bougie ». Pourquoi ? Pourquoi ça et pas autre chose ? Sciences Inutiles a mené l’enquête !

Petite histoire de la bougie

Croyez-le ou non, mais la bougie n’est pas le premier moyen utilisé par l’humanité pour s’éclairer. Alors qu’au Paléolithique on avait opté pour des torches rudimentaires (logique), les Hommes ont inventé plus de 17000 ans avant la bougie, la lampe à huile. Si si. Mais revenons-en à notre bougie.

La Belle Mèche

Inventée quelque part vers 3000 ans avant notre ère, je parle bien sûr de la chandelle, ancêtre de la bougie. Parce que non, ce n’est pas pareil. Enfin si. Mais non. En fait, au 14ème siècle, le principal fournisseur de cire pour la fabrication des chandelles n’était autre que la ville de Bougie, plus communément appelée Béjaïa et située en Algérie, et qui a donc donné son nom à une chandelle faite de cire (globalement de la cire d’abeille). A l’époque, pas de connaissances scientifiques aussi poussées que maintenant, il fallait donc faire avec les moyens du bord.. Ainsi on eu l’idée de tremper du jonc (plante dont la tige est creuse et remplie d’un liquide visqueux blanc appelé moelle) dans du suif (graisse animale fondue).

L’avantage de cette nouvelle technique, comparé à la lampe à huile, c’est qu’elle était plus propre, elle nécessitait moins d’entretien constant et elle coûtait moins cher pour les pauvres gens du Moyen-Âge (aussi appelés « gueux »).

Larousse
Michel-Eugène Chevreul | Memento

Mais au 19ème siècle, poussé par les travaux de Carl Scheele sur le savon (il venait de découvrir la glycérine, GG à lui), un chimiste français du nom de Michel-Eugène Chevreul met définitivement en théorie le procédé de saponification (pour créer du savon) et crée les bougies stéariques, qui sont nos bougies actuelles et qui tiennent leur nom de l’acide stéarique utilisé pour les fabriquer.

« Burn baby burn ! »

Résumons ce qu’on sait jusqu’ici : jusqu’à la fin du Moyen-Âge (et encore un peu après), les bougies étaient faites de suif et de jonc mais les flammes étaient fragiles. Grâce à messieurs Chevreul et Scheele, on a réussi à trouver l’acide stéarique qui sert à fabriquer nos bougies industrielles depuis le 19ème siècle. Mais l’acide stéarique ne fait pas tout ! Dans nos bougies, il est associé à la paraffine et un fil de coton imbibé d’acide borique.

Une bougie est constituée comme suit : un coeur d’acide stéarique entouré de paraffine dans lequel est plongée une mèche de fils de coton tressés enduit d’acide borique.

L’acide stéarique d’abord est un acide gras saturé dont la température de fusion (solide vers liquide) est d’environ 70°C. Lorsqu’on allume la mèche, l’air surchauffé va faire fondre l’acide stéarique à proximité. Ce dernier va alors remonter le long de la mèche par capillarité et se vaporiser une fois au coeur de la flamme. Et comme il s’agit d’un gaz inflammable, il va entretenir la flamme qui fera fondre plus d’acide stéarique, etc, etc. La paraffine est là pour que la cire ne parte pas trop vite car elle fond moins vite que l’acide stéarique et permet donc la formation d’une coupelle au centre de la bougie pour retenir l’acide stéarique fondu. Les fils de coton tressés montrent une capillarité élevée mais ils sont réduits en cendre très vite.. Ce dernier détail est oublié grâce au borax (= acide borique) qui va augmenter la capillarité des fils de coton (ou au moins l’empêcher de diminuer) et allonger le temps de vie de la mèche.

Ainsi va le cycle de la bougie..

Mais quelle cire pour nos bougies ?

L’acide stéarique peut se trouver dans 3 types de cire différentes :

  • la cire minérale (comme la paraffine), dérivée du pétrole
  • la cire végétale, qui provient des végétaux
  • la cire animale (cire d’abeille et suif), qui provient soit des animaux soit de leur travail

Si vous souhaitez une bougie écologique et qui brûle longtemps, préférez la cire végétale. Cependant, vous ne pourrez pas y mettre colorant ou parfum qui se mélangent mal avec la cire.

Si vous voulez une bougie parfumée ou rose, bleue, violette à pois verts, préférez la cire minérale. Cependant, elle brûle moins longtemps que la cire végétale.

Si vous voulez une bougie naturelle, simple à fabriquer, préférez la cire d’abeille. Cependant, les abeilles se font rare, leur cire aussi, augmentant le prix au kilo.

Maintenant que vous avez toutes les clés en main pour comprendre comment fonctionne une bougie, vous pouvez continuer sereinement votre petite vie tranquille !

The Fun Factor : l’anecdote rigolote

A priori, il serait possible de fabriquer des bougies avec de la cerumen (cire humaine par abus de langage) mais le rendement ne serait vraiment, VRAIMENT, pas terrible.. Surtout que vous trouverez plus d’acide stéarique dans votre foie ou vos glandes mammaires (si vous êtes une femme qui allaite). Et disons que mutiler des gens pour faire des bougies ça s’est déjà fait (coucou Ed Gein et les nazis) mais c’est pas super légal..

ET EN BONUS :

L’aliment qui contient le plus d’acide stéarique est le chocolat blanc. A bon entendeur gourmand..

Sources :