Quand quelqu’un a une idée jamais vue et révolutionnaire, on parle souvent de génie créatif. Mais croyez-moi, niveau technologique, l’humain n’est vraiment pas un génie créatif. La Nature ne sélectionnant que ce qui fonctionne, pourquoi l’humain n’utiliserait-il pas cette sélection à son avantage ? Eh bien c’est ce qu’on a fait, via le biomimétisme.
C’est quoi le biomimétisme ?
Le biomimétisme est l’art d’imiter le vivant pour améliorer nos technologies et notre confort de vie. Il nous permet de fabriquer de nouveaux matériaux, des formes et des procédés plus efficaces et plus résistants. Et même si le mot « technologie » nous fait penser à une époque assez récente, ce n’est pas une habitude que les humains ont prise hier. A l’époque, Léonard de Vinci s’était inspiré des ailes de chauve-souris pour dessiner sa première machine volante, aujourd’hui mondialement connue bien que pas très volante.. Et on peut remonter encore plus loin.. Les peintures des tribus préhistoriques étaient très certainement inspirées de leur environnement pour permettre un camouflage optimal pendant la chasse. Un peu plus tard, les grecs de l’Antiquité se sont basés sur le taureau pour créer une « boîte de torture » qui faisait ressembler le cri du prisonnier au cri du taureau..

Dans un registre plus gai, les Chinois avaient créé le papier en 105 de notre ère grâce à l’observation de guêpes construisant leur nid. Celles-ci utilisaient des résidus de bois humidifiés, malaxés et agglutinés pour construire des structures solides mais modulables.

Et de nos jours, le biomimétisme permet de créer des combinaisons plus rapides sous l’eau, des aiguilles médicales de plus en plus fines et de plus en plus indolores, des stades olympiques résistants à toutes les contraintes qu’ils peuvent subir, et beaucoup d’autres encore qui rendraient notre liste interminable.. Mais Janine BENYUS, scientifique américaine qui s’est intéressé aux moules (cf Petit florilège), avait très bien résumé le biomimétisme : « la nature a 3,8 milliards d’années de recherche et développement d’avnace sur nous ». Et quand on y pense, le processus de recherche scientifique est lui-même basé sur celui de sélection naturelle. Dans cette dernière, si une espèce ou un individu n’est pas adapté à son environnement, il meurt sans avoir pu engendrer une descendance (suffisante). En sciences, c’est exactement pareille. Si on a un problème, on imagine des solutions. Et si une solution ne s’adapte pas parfaitement au problème, elle est éliminée de la liste des possibilités. Sans sa compréhension de la Nature, l’Humain n’aurait jamais pu en arriver là où il en est aujourd’hui. Et le petit florilège qui suit en est une bonne démonstration..
Petit florilège
- La forme spirale de la coquille de nautile a toujours fasciné mais a dernièrement inspiré les réacteurs de sous-marins et les dernières générations de ventilateurs.
- Quoi de plus solide qu’un os humain ? Mr Eiffel s’est donc inspiré du fémur pour construire la structure métallique de sa célèbre tour.
- Promenez-vous dans les bois.. pour découvrir les fruits à l’origine du Velcro, ceux de la bardane.
- Pour parfaitement suivre les courants d’air, nos turbines d’éoliennes ne pouvaient pas avoir meilleurs modèles que les bancs de poissons naviguant à travers les courants marins.

- Que les moules soient aussi bien accrochées à leur rocher a été très utile pour créer une supercolle résistante sous l’eau.
- Nos amis chats, rois du parcours, ont augmenté la capacité de freinage de nos pneus grâce à leurs coussinets.
- La coquille Saint-Jacques et sa célèbre forme ondulée a permis aux ingénieurs des années 30 d’imaginer les tôles ondulées.
- Personne dans le monde animal et végétal ne repousse mieux l’eau que la feuille de Lotus, inspirant ainsi les surfaces hydrophobes.
- Chaque personne ridée et complexée n’a d’yeux que pour le concombre de mer et l’oursin qui ont permis de créer les antirides.
- Les termitières sont d’excellentes régulatrices de température et donc inspiré en 1996 la construction d’un centre commercial au Zimbabwe.

- Alors qu’il faut à l’Homme des températures supérieures à 1000°C pour fabriquer du verre, les diatomées le font dans l’eau à température ambiante.
- Notre course à l’économie d’énergie a emmené les chercheurs sur la piste des ours polaires et des toucans pour créer des bouilloires moins énergivores.
- Parce que le désert est une énorme source d’énergie solaire inexploitable due à la chaleur, les chercheurs se sont penchés sur les ailes du papillon Morpho qui absorbent la chaleur pour créer une nouvelle génération de panneaux photvoltaïques.
Sources et autres exemples sur :
- Le Carnet Scientifique, Mathieu Vidard, Editions Grasset
- Nausicaa
- Musée National d’Histoire Naturelle