Au départ, suite à une blague de prout (on ne vieillit jamais vraiment), je recherchais une échelle de mesure débile genre « échelle de la mauvaise odeur ». Mais la science et les scientifiques sont incroyables, ne l’oublions pas ! Alors ils ont pris cette idée nulle et en ont fait un truc magnifique : une prédiction du plaisir procuré par une odeur en fonction de sa structure moléculaire. MA-GNI-FIQUE.

Mais.. pourquoi ?
On sait depuis un petit moment maintenant ce qui lie un son mélodieux à sa structure (plus de détails : ici), ce qui est bon à savoir quand on veut percer dans la musique. On sait donc par exemple qu’une musique à base de crissements de craie ou d’ongles sur un tableau noir ne sera probablement pas numéro 1 du Top 50. Mais les parfumeurs, eux, s’arrachent les cheveux.. Est-ce qu’il serait possible de connaitre à l’avance le plaisir éprouvé par le consommateur lorsqu’il sentira le parfum, avant même qu’il soit senti par qui que ce soit. Tous les nez* seraient au chômage mais ce serait une gigantesque économie de temps et d’argent pour l’industrie.. Alors y aurait-il une solution ? Un lien définissable entre structure moléculaire ou propriétés physicochimiques et plaisir de l’odeur ?
*un nez est une personne dont l’odorat est surdéveloppé et dont le travail est de sentir des choses et, d’entre autres, en reconnaître les différentes odeurs.
On cherche, on cherche..
Les études sur le lien entre plaisir et structure, aussi appelé « stimulus-percept » est encore un sujet d’actualité puisque des demandes de financement pour des recherches sur le sujet ont été faites ces deux dernières années. Mais en 2007, un article a été publié avec des résultats déjà très intéressants.

Evidemment, on s’en doutait mais le plaisir olfactif est lié en partie à la culture, à l’éducation et à l’environnement dans lequel vous évoluez. Mais en fin de compte, pas seulement.
Rehan Khan et son équipe, avec l’aide de travaux précédents, ont pu définir des paramètres caractérisant la structure moléculaire, comme la densité d’atomes (mesurée via la force des liaisons de Van der Waals) et l’absence d’hydrogène, et essayer de voir si ils avaient un lien avec le plaisir que ressentait un panel de testeurs (de cultures différentes pour éviter un biais dû à cela). Finalement, ils ont découvert que le paramètre qui avait le plus d’impact était la densité d’atomes dans la molécule. A priori, des molécules semblables selon ce critère étaient aussi semblables sur le plaisir procuré par leur odeur. Mais comme l’explique la fin de l’article, la relation entre structure et perception olfactive d’une molécule est bien plus complexe que ça..
C’est pour cela que de nouvelles recherches sont lancées pour approfondir cette découverte et les modèles de prédiction associés, ainsi que pour cartographier les récepteurs olfactifs, et tout le processus de l’olfaction en général, mais surtout pour comprendre leur lien avec plaisir ou déplaisir..
Enfin, de tout cela on peut retenir qu’il sera un jour possible de savoir à l’avance ce que sent une molécule et pourquoi l’atmosphère d’Uranus (autrement dit le sulfure d’hydrogène) sent l’oeuf pourri..
Sources :