Chaque année, environ 10 millions de personnes meurent du cancer dans le monde et 20 millions de nouveaux cas apparaissent. Chaque jour, la recherche avance mais personne encore n’a trouvé de traitement tuant les tumeurs cancéreuses à coup sûr. Parmi ces traitements, un nouveau sort du lot pour Sciences Inutiles et ouvre peut-être la voix à un monde utopique sans cancer..
C’est quoi un cancer exactement ?
En fait, le cancer n’est pas vraiment une maladie mais un groupe de maladies toutes dues à une multiplication anarchique de cellules anormales. Si celles-ci ne sont pas arrêtées à temps, leur développement conduit à une propagation des tumeurs dans tout l’organsime du malade jusqu’à sa mort.
Mais une cellule ne décide pas de devenir cancéreuse du jour au lendemain.. Il faut pour cela que les dégâts subis par la cellule ne se réparent pas (ce qui devrait normalement être fait). Et si on lui laisse le luxe de s’étaler, alors elle va se multiplier et s’accrocher aux tissus voisins jusqu’à rejoindre des vaisseaux sanguins ou lymphatiques (avec les lymphocytes = globules blancs) pour pouvoir aller s’accrocher à d’autres tissus.

Petits points importants : chaque cancer a des caractéristiques différentes en fonction de là où il s’est développé ; un cancer du sein ne devient pas un cancer du pancréas si il se métastase dans cet organe | il existe des tumeurs non cancéreuses appelées tumeurs bénignes (malignes pour les cancereuses) | chaque cancer ne réagit pas de la même manière aux différents traitements qui existent.
Alors comment traite-t-on un cancer ? Je ne vais pas rentrer dans les détails mais sans compter les nouveaux traitements expérimentaux, il existe 5 grands typoes de traitement :
- la chirurgie, pour retirer le (ou les) organe(s) touché(s)
- la radiothérapie, on utilise des rayons à haute énergie pour irradier les cellules cancéreuses
- la chimiothérapie, en utilisant des médicaments directement injectés dans le corps par voie sanguine, orale ou autre
- l’hormonothérapie, pour bloquer le développement des tumeurs avec des hormones
- l’immunothérapie, pour mobiliser les défenses immunitaires du patient
Et c’est ici la chimiothérapie qui nous intéresse.
C’est qui Escherichia Coli ?
Sous ce nom, qui serait vraiment un nom étrange pour une personne, se cache une bactérie bien connue.. E.Coli de son surnom est la raison pour laquelle les supermarchés rappellent de la viande 3-4 fois par an. La majorité des souches d’E.coli sont inoffensives mais certaines peuvent créer des diarrhées sanglantes, d’où les rappels de viandes.

Mais ce sont surtout les souches inoffensives qui nous intéresse ici. Comme E.Coli est une bactérie courante chez les animaux et du coup, inoffensive dans la plupart des cas, c’est une des bactéries les plus étudiées et les plus modifiées en recherche biomédicale. Donc en fait, toutes les bactéries pourraient faire l’affaire mais E.Coli reste le top du top pour les chercheurs..
Pourquoi ça pourrait marcher ?
Le truc vraiment intéressant avec les bactéries, c’est qu’il y a un endroit où elle aime particulièrement se nicher pour se développer : les tumeurs. Parce que dans les tumeurs, il n’y a pas de leucocytes et donc rien pour tuer tout être étranger au corps.. Et ça tombe bien puisque c’est cette particularité que cherche à utiliser Tal Danino, chercheur et ingénieur en biologie médicale.

Avec les avancées technologiques, il est dorénavant possible de programmer une bactérie comme on programmerait un ordinateur. En modifiant l’ADN de la bactérie, il est possible de lui faire adopter des comportements spécifiques ou produire des molécules spécifiques. Et avnt d’affronter un cancer, il faut déjà le détecter.
Pour cela, Tal et son équipe ont réussi à modifier une souche d’E.Coli pour qu’elle émette une molécule qui change la couleur de l’urine si la colonie atteint une certaine taille (appelée détection de quorum), ce qui est possible si elle se développe dans une tumeur. Avec ceci, si vous avez une tumeur, cancéreuse ou non, votre urine s’habillera d’un magnifique rose.
Mais pour traiter un cancer, la programmation des souches est encore plus impressionante. Les bactéries sont programmées pour se développer, utiliser la détection de quorum et libérer des molécules pour communiquer entre elles. Cela permet de faire en sorte que chaque bactérie de la colonie s’active et se désactive en même temps que les autres et surtout, quand on le souhaite (en programmant d’avance les conditions). On peut alors leur faire libérer des molécules qui vont diminuer la tumeur depuis l’intérieur de celle-ci et à un instant donné.
Les tests étant très concluants sur les souris, il ne nous reste plus qu’à croiser les doigts que ces recherches mènent rapidement à des traitements pouvant soigner le cancer.
Sources :
- Tal Danino, TED Talks
- Fondation contre le cancer
- Institut Pasteur : E.coli